Eugène Boudin, l’atelier de la lumière

du 16 avril au 26 septembre 2016

« Je prends ce détour pour en revenir à moi qui fais tout mon possible pour laisser à ma peinture, au contraire de bien d’autres, l’aspect de l’esquisse. »
Eugène BOUDIN (1824-1898), Barques et estacade, 1890-1897, huile sur toile, 40 x 55 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Eugène BOUDIN (1824-1898), Barques et estacade, 1890-1897, huile sur toile, 40 x 55 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Contraint par les exigences des collectionneurs de se limiter au périmètre de la peinture de marine, Boudin développe diverses variations autour de quelques thèmes. En rupture avec le goût de son époque, il accorde moins d'importance au sujet représenté qu'à la qualité de l'étude atmosphérique d'un instant particulier. Cette étude, rapidement exécutée devant un motif fugitif a, selon Boudin, plus de valeur qu’un tableau laborieusement élaboré en atelier. Elle recèle en effet un pouvoir de suggestion et exprime une qualité poétique.
Ainsi, le peintre fait-il en sorte de laisser à ses œuvres « terminées » l’apparence de l’esquisse. Il passe outre le goût de ses contemporains pour les représentations descriptives. Certes, Boudin retravaille en atelier ses œuvres commencées sur le motif. Mais il préfère dire « perler » plutôt que « finir ». Il exprime ainsi l’exigence de qualité lumineuse recherchée.

En 1889, Monet invente la « série ». Celle-ci trouve son origine dans les variations atmosphériques de Boudin. Bien sûr, Monet affirme, quand Boudin suggère. Aussi l’effet est-il beaucoup plus frappant chez le maître de Giverny. Chez Boudin, la peinture ne prend véritablement son sens et sa véritable valeur que par une accumulation, selon un principe cher aux artistes contemporains. Ainsi, Boudin introduit dans la peinture un nouveau rapport au temps. Au cycle immémorial des saisons, il substitue un temps bref : l’instant.
Il va plus loin encore dans sa démarche novatrice. Faisant fi des traditions, il observe et transcrit sur la toile les effets dissolvants de la lumière sur les formes. Celles-ci se réduisent bientôt à des taches de couleurs. L’espace pictural pur se substitue à l’apparence de la réalité.
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