Paquebots 1913-1942, une esthétique transatlantique

du 26 avril au 21 septembre 2025

90 ans après le voyage inaugural du célèbre paquebot Normandie, le MuMa renoue avec la mémoire transatlantique de la cité océane. Dans son architecture unique, figure de proue lumineuse largement ouverte sur l’entrée du port, les géants des mers représentés par les artistes dialoguent comme nulle part ailleurs avec le paysage et les mouvements réels de la vie maritime contemporaine.

Coproduite avec le musée d'arts de Nantes et montée au Havre en partenariat avec French Lines et Compagnies, la nouvelle exposition du MuMa explore les oeuvres plastiques inspirées par les paquebots, dans un focus transatlantique qui croise entre 1913 et 1942 les productions du Vieux continent européen et celles des mondes nouveaux des Amériques.
Paquebots 1913-1942, une esthétique transatlantique















Le paquebot, symbole de modernité
Commencée dans les années 1830, l’aventure des paquebots de ligne représente une page fondamentale dans l’histoire mondiale de l’ère industrielle qui s’est maintenue jusque dans les années soixante-dix. Le gigantisme, la mécanique des turbines, les cheminées et leurs fumées noires, les pavillons polychromes se sont imposés dans nos imaginaires et sont devenus des emblèmes de modernité. Le monde des paquebots fascine toujours ! L’histoire du paquebot Normandie en est le témoin iconique. Façonné entre autre grâce aux innovations de l’ingénieur Vladimir Yourkevitch et mis en service en 1935 sur la ligne Le Havre-New York, sa silhouette hydrodynamique, effilée et harmonieuse inspire immédiatement peintres, photographes et graphistes.
L’exposition révèle au public les archives inédites de ce célèbre constructeur naval conservées par French Lines & Cie au Havre.

La naissance d’une esthétique transatlantique
Charles DEMUTH (1883-1935), Paquebot Paris, 1921-1922, huile sur toile, 63,5 x 50,8 cm. Colombus. ©Columbus Museum of Art - Ohio : Don de Ferdinand Howald
Charles DEMUTH (1883-1935), Paquebot Paris, 1921-1922, huile sur toile, 63,5 x 50,8 cm. Colombus. ©Columbus Museum of Art - Ohio : Don de Ferdinand Howald
« Années folles » en Europe, « Roaring twenties » aux États-Unis, les décennies du coeur de la première moitié du XXe siècle voient se propager les avant-gardes artistiques, architecturales, littéraires, mais aussi la presse photographique, le cinéma et la création publicitaire. En cette période d’invention de la communication par l’image, les paquebots inspirent les créateurs. Les peintres de la modernité, qu’ils soient cubistes, futuristes ou surréalistes mais aussi les photographes, les affichistes, les architectes, les cinéastes et les poètes s’emparent de ses représentations pour exprimer leur enthousiasme ou leur interrogation devant le tumulte de leur époque.

S’inspirant les uns des autres, ils conçoivent à bord ou depuis le quai une esthétique internationale et populaire de l’objet paquebot.

D’un monde à l’autre
Jules LEFRANC (1887-1972), Sur le plateau, atelier de la Radiale, 1949, huile sur toile, 100,5 x 81 cm. dépôt du Centre national des arts plastiques (CNAP) - Les Sables d'Olonne - musée d'art moderne et contemporain. ©Hugo Maertens - Bruges
Jules LEFRANC (1887-1972), Sur le plateau, atelier de la Radiale, 1949, huile sur toile, 100,5 x 81 cm. dépôt du Centre national des arts plastiques (CNAP) - Les Sables d'Olonne - musée d'art moderne et contemporain. ©Hugo Maertens - Bruges
Lieux de séjour et de transport, les paquebots voguent, le temps d’une traversée entre deux continents.
Le port devient porte d’entrée et de sortie où fourmillent les échanges. La ville au loin imaginée se dessine ; à bord, un mélange d’exaltation et d’émotion bouleverse les sentiments de celui qui voyage. Fugace évasion dans le temps et l’espace, l’intermède de quelques jours en mer voit s’entremêler ennui et frivolité, inquiétudes et espérances. Le grand navire, apatride et autonome devient le lieu privilégié de rencontres. Dans les cabines des ponts inférieurs l’indigent, le réfugié qui quitte son pays avec douleur ou espoir, cohabite avec le poète avide d’abreuver sa plume d’aventures inédites. L’homme d’affaires dîne avec le touriste oisif qui découvre le voyage d’agrément.

Ces hommes se croisent sur les ponts promenades, dans les coursives interminables et dans les salons aux décors luxueux.
 
Anonyme, Normandie couché à côté du Pier 88 à New York après son incendie en février 1942, épreuve gélatino-argentique, 22,8 x 18 cm. collection Frédéric Gros © Musée d’arts de Nantes / C. Clos
Anonyme, Normandie couché à côté du Pier 88 à New York après son incendie en février 1942, épreuve gélatino-argentique, 22,8 x 18 cm. collection Frédéric Gros © Musée d’arts de Nantes / C. Clos

La parenthèse insouciante des années 20, brusquement arrêtée par le krach boursier de 1929 et la dépression mondiale, laisse soudain place à un monde inquiet, annonçant des années sombres. La guerre qui éclate en 1939 ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire des paquebots : le moment des dernières traversées vers l’exil.

Marcel Duchamp avec son emblématique Boîte en valise cristallise en une seule oeuvre fulgurante la perspicacité de l’artiste témoin des soubresauts de l’histoire.

Les images de presse de l’incendie du Normandie confirment que l’ère des paquebots de légende arrive à son terme.


 
L’exposition présente cent quatre-vingts oeuvres alliant peintures, photographies, affiches, films, textes littéraires, objets publicitaires et objets d’art parmi lesquelles celles :

► des peintres : Marcelle Cahn, Tullio Cralli, Félix Del Marle, Charles Demuth, Marcel Duchamp, Raoul Dufy, Jean Dupas, Marcel Gromaire, Émile Laboureur, Jules Lefranc, Fernand Léger, Georges Malkine, Amédée Ozenfant, Kay Sage, Victor Servranckx, Charles Sheeler, Irene Rice Pereira, Joaquín Torres García, Toyen, Frits Thaulow

► des photographes : Berenice Abbot, Marcel Artaud, Pierre Boucher, Walker Evans, François Kollar, Jean Moral, Roger Schall, François Tuefferd, René Zuber

► des architectes : Eileen Gray, Le Corbusier, Robert Mallet-Stevens

► des cinéastes : Jean-Claude Bernard, Buster Keaton, Leo McCarey, Walter Ruttmann

► des poètes : Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Valéry Larbaud, Paul Morand, Fernando Pessoa, Jules Supervielle, Saint John Perse

► des affichistes : Jean Auvigné, Paul Colin, Cassandre, Tommi Parzinger, Giovanni Patrone

► des designers : Jean Dunand, Robert Lallemant, Luc Lanel, Peter Müller-Munk, Gaston Priou, Jean-Maurice Rothschild

► et de la styliste Jeanne Lanvin

 
Commissariat de l'exposition
Adeline Collange-Perugi, conservatrice responsable des collections d'art ancien au Musée d'arts de Nantes
Sophie Lévy, ancienne directrice conservatrice du Musée d'arts de Nantes
Clémence Poivet-Ducroix, attachée de conservation au MuMa – musée d'art moderne André Malraux au Havre, assistée d’Éléonore Lebrun
 

logo_un_ete_au_havre2.png
Cette exposition est présentée à l'occasion de la 9e édition d’Un Été Au Havre, saison estivale culturelle.

 
EN SAVOIR +