BOURDELLE, Drame intime

Émile-Antoine BOURDELLE (1861-1929), Drame intime, 1899, bronze, 62 x 35 x 30 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Émile-Antoine BOURDELLE (1861-1929)
Drame intime
1899
bronze
62 x 35 x 30 cm
© MuMa Le Havre / Charles Maslard
Après une formation de deux ans à l'École des beaux-arts de Paris, Antoine Bourdelle (1861-1929) est engagé en 1893 comme praticien dans l'atelier de son ami Rodin, qui domine alors la sculpture européenne. Dès les années 1900-1905, se détachant progressivement de l'influence de Rodin, son travail se rapproche de la sculpture antique et médiévale. Les années de maturité artistique sont marquées par de nombreuses commandes, parmi lesquelles la façade du Théâtre des Champs-Élysées à Paris, dont le projet est conçu en une nuit, et l'Héraclès archer, exposé en 1910 à la Société nationale des beaux-arts. Avec cette œuvre, Bourdelle obtient un succès retentissant qui s'étend au-delà des frontières.

Drame intime, ou Drame intérieur est l'une de ses dernières œuvres aux accents rodiniens. Par le modelé qui anime le visage et fait vibrer la lumière de façon délicate, par l'alternance de matière brute et travaillée, ce buste évoque le non finito cher à Rodin. Bourdelle, en quête de rupture, oriente désormais son travail vers une recherche poussée de la dimension psychologique. Le contraste entre la chevelure imposante et désordonnée et la concentration profonde du visage accentue la tension qui se dégage de l'ensemble. Bourdelle ne déclarait-il pas que le statuaire, non seulement « se pétrit lui-même dans la matière, mais [...] y fond son moi inconscient » ?

Présentée à deux reprises à Paris en 1905, d'abord chez Hébrard, puis au Salon d'automne, Drame intime fait partie des quatre envois de Bourdelle à l'exposition du Cercle de l'art moderne au Havre en 1907. Sur les conseils de l'amateur Charles-Auguste Marande, la ville décide d'acquérir l'œuvre à l'issue de l'exposition. Le sculpteur consent à la céder contre une somme modeste. Un an plus tard, réaffirmant son soutien à la municipalité havraise, Bourdelle offre le plâtre du buste d'Ingres, exposé au Havre au Cercle de l'art moderne et considéré, aux dires des meilleurs critiques, comme le plus beau morceau de sculpture de la Société nationale des beaux-arts de Paris.

Œuvres commentées : Sculpture (10)

Charles-Henri-Joseph CORDIER (1827-1905), Le Nubien, 1848, bronze, h. : 85 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Henri Georges ADAM (1904-1967), Le Signal, 1961, béton et aluminium. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Émile-Antoine BOURDELLE (1861-1929), Héraclès archer, 1909, plâtre, 232 x 245 x 123 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Albert BARTHOLOMÉ (1848-1928), Première maquette pour le Monument aux morts du père Lachaise, 1892-1893, plâtre, 85,5 x 98,5 x 84 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Émile-Antoine BOURDELLE (1861-1929), Drame intime, 1899, bronze, 62 x 35 x 30 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Auguste RODIN (1840-1917), Buste de Dalou, 1883, plâtre stéariné, 52 x 43 x 24 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Auguste RODIN (1840-1917), L’Âge d’airain (Grand modèle), 1877, plâtre patiné au vernis gomme laque, 180 x 68,5 x 54,5 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Auguste RODIN (1840-1917), Saint Jean-Baptiste (Grand modèle), 1880, plâtre patiné au vernis gomme laque, 203 x 71,7 x 119,5 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
François STAHLY (1911-2006), L'Ange, 1946, bois, 255 x 65 x 40 cm. Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, dépôt du CNAP, 1953. © 2011 MuMa Le Havre / Charles Maslard © ADAGP, Paris 2020
HSIUNG Ping-Ming (1922-2002), L'Oiseau , 1956, sculpture en fer, 41,5 x 46 x 21 cm. Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, achat de la Ville, 1956. © 2018 MuMa Le Havre / Charles Maslard