VALLOTTON, Pont à la romaine à Cagnes
Félix VALLOTTON (1865-1925)
Pont à la romaine à Cagnes
1923
huile sur toile
73,5 x 60 cm
© MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Pont à la romaine à Cagnes
1923
huile sur toile
73,5 x 60 cm
© MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Image haute définition
Des bords du lac Léman de sa jeunesse aux régions méditerranéennes ou normandes, en Russie, en Italie, souvent comme dérivatif à ses difficultés existentielles, ou comme alternative à l’animation parisienne, le contact avec la nature nourrit régulièrement l’œuvre de Félix Vallotton, randonneur infatigable. Avec le tournant du siècle, Vallotton renoue avec l’espace et pose dès 1903 les jalons d’une conception du paysage à laquelle il restera fidèle jusqu’à la fin de sa vie.
Après Renoir, Vallotton découvre Cagnes pendant l’hiver 1920-1921. Imprégné de l’atmosphère de Honfleur et des bords de Seine, il se dit « désorienté par la lumière », mais séduit par « ce coin de pays […] cubiste par essence. » Les aplats issus de la période nabie sont ici subtilement nuancés, de l’imposant premier plan de l’arche sombre au ciel décoloré. La succession verticale des arêtes de pierre répercute en abîme des rectangles gigognes. Jusqu’à l’échappée vers l’extérieur via le pont, élément structurant de la plupart des paysages de Cagnes.
Au quadrillage de la surface, exacerbé par le contraste des zones d’ombre et de lumière, se combine l’emboîtage des volumes dans la profondeur d’un espace courbe dont le rectangle mauve de la montagne est l’ultime plan. Le soleil hivernal projette de longues ombres portées, soutenues par la courbe gris-bleu du pont et la ligne de l’arbre reliant premier et second plan. Au graphisme des tuiles répond la surface décorative du mur de pierre. Le réseau lâche des canisses griffe le plan des murs en négatif puis en positif de la gauche vers la droite. Dans une lumière irréelle, blonde et ocre, la flaque d’herbe verte renvoie à la pointe orange vif du toit de l’angle gauche.
En 1916, Vallotton note dans son journal « Je rêve d’une peinture dégagée de tout souci littéral de la nature, je voudrais reconstituer des paysages sur le seul recours de l’émotion qu’ils m’ont causée, quelques grandes lignes évocatrices, un ou deux détails, choisis, sans superstition d’exactitude d’heure ou d’éclairage.» Dans cette version moderne du « paysage historique » cher à ce maître spirituel, l’artiste livre la somme de toutes les expériences accumulées, maîtrisant la forme et les valeurs dans un espace condensé où la couleur a gagné sa liberté.
Après Renoir, Vallotton découvre Cagnes pendant l’hiver 1920-1921. Imprégné de l’atmosphère de Honfleur et des bords de Seine, il se dit « désorienté par la lumière », mais séduit par « ce coin de pays […] cubiste par essence. » Les aplats issus de la période nabie sont ici subtilement nuancés, de l’imposant premier plan de l’arche sombre au ciel décoloré. La succession verticale des arêtes de pierre répercute en abîme des rectangles gigognes. Jusqu’à l’échappée vers l’extérieur via le pont, élément structurant de la plupart des paysages de Cagnes.
Au quadrillage de la surface, exacerbé par le contraste des zones d’ombre et de lumière, se combine l’emboîtage des volumes dans la profondeur d’un espace courbe dont le rectangle mauve de la montagne est l’ultime plan. Le soleil hivernal projette de longues ombres portées, soutenues par la courbe gris-bleu du pont et la ligne de l’arbre reliant premier et second plan. Au graphisme des tuiles répond la surface décorative du mur de pierre. Le réseau lâche des canisses griffe le plan des murs en négatif puis en positif de la gauche vers la droite. Dans une lumière irréelle, blonde et ocre, la flaque d’herbe verte renvoie à la pointe orange vif du toit de l’angle gauche.
En 1916, Vallotton note dans son journal « Je rêve d’une peinture dégagée de tout souci littéral de la nature, je voudrais reconstituer des paysages sur le seul recours de l’émotion qu’ils m’ont causée, quelques grandes lignes évocatrices, un ou deux détails, choisis, sans superstition d’exactitude d’heure ou d’éclairage.» Dans cette version moderne du « paysage historique » cher à ce maître spirituel, l’artiste livre la somme de toutes les expériences accumulées, maîtrisant la forme et les valeurs dans un espace condensé où la couleur a gagné sa liberté.