Sites peints par Dufy

L’artiste a arpenté ce territoire, du Havre et de Sainte-Adresse, dessinant et peignant in situ ou en atelier.
Comme tous les ports, Le Havre regorge de cafés, de meublés, d’hôtels, et il est facile pour des peintres en quête de points de vue diversifiés de trouver des chambres d’où ils pourront exécuter de nouvelles oeuvres. Dufy, comme d’autres avant lui – Turner, Monet, Pissarro pour les plus célèbres –, a ainsi changé d’ateliers de fortune au gré des motifs qu’il avait envie de saisir.

Quelques sites havrais peints par Dufy

Raoul DUFY (1877-1953), Étude pour « Fin de journée au Havre », ca. 1900, huile sur toile, 65,6 x 80,4 cm. MuMa musée d'art moderne André Malraux, Le Havre, achat avec l’aide du Fonds régional d’acquisition pour les musées (FRAM), 2013. © MuMa Le Havre / David Fogel — © ADAGP, Paris, 2013
Raoul DUFY (1877-1953), Étude pour « Fin de journée au Havre », ca. 1900, huile sur toile, 65,6 x 80,4 cm. MuMa musée d'art moderne André Malraux, Le Havre, achat avec l’aide du Fonds régional d’acquisition pour les musées (FRAM), 2013. © MuMa Le Havre / David Fogel — © ADAGP, Paris, 2013
Raoul DUFY (1877-1953), Le Marché aux poissons, vers 1905, huile sur toile, 46 × 55 cm. Collection particulière. © Courtesy Sotheby’s © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Marché aux poissons, vers 1905, huile sur toile, 46 × 55 cm. Collection particulière. © Courtesy Sotheby’s © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Port du Havre [Crépuscule sur le quai Videcoq et le bassin du Roy], 1901, huile sur toile, 73 × 60 cm. Avignon Fondation Calvet, don Joseph Rignault. © Fondation Calvet, Avignon © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Port du Havre [Crépuscule sur le quai Videcoq et le bassin du Roy], 1901, huile sur toile, 73 × 60 cm. Avignon Fondation Calvet, don Joseph Rignault. © Fondation Calvet, Avignon © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Port [L’Avant-Port du Havre], 1907, huile sur toile. Collection particulière. © Courtesy Sotheby’s © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Port [L’Avant-Port du Havre], 1907, huile sur toile. Collection particulière. © Courtesy Sotheby’s © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Square Notre-Dame, 1905, aquarelle et gouache sur papier, 48 × 58,4 cm. Collection particulière. © Courtesy Sotheby’s © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Square Notre-Dame, 1905, aquarelle et gouache sur papier, 48 × 58,4 cm. Collection particulière. © Courtesy Sotheby’s © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Port du Havre [Le Port des yachts dans le bassin du Commerce au Havre], 1906, huile sur toile, 50 × 61 cm. Collection particulière. © Courtesy Phillips © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Port du Havre [Le Port des yachts dans le bassin du Commerce au Havre], 1906, huile sur toile, 50 × 61 cm. Collection particulière. © Courtesy Phillips © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), La Plage de Sainte-Adresse [La Plage du Havre], 1906, huile sur toile, 46 × 55 cm. Collection particulière. © Coll. part/droits réservés © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), La Plage de Sainte-Adresse [La Plage du Havre], 1906, huile sur toile, 46 × 55 cm. Collection particulière. © Coll. part/droits réservés © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Reflet de soleil sur l’eau à Sainte-Adresse [Reflet de soleil sur l’eau au Havre], 1906, huile sur toile, 65 × 81 cm. Copenhague, Statens Museum for Kunst. © SMK/Statens Museum for Kunst © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Reflet de soleil sur l’eau à Sainte-Adresse [Reflet de soleil sur l’eau au Havre], 1906, huile sur toile, 65 × 81 cm. Copenhague, Statens Museum for Kunst. © SMK/Statens Museum for Kunst © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Le Casino Marie-Christine au Havre, ca. 1910, huile sur toile, 65,5 x 81,5 cm. MuMa musée d'art moderne André Malraux, Le Havre. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn — © ADAGP, Paris, 2015
Raoul DUFY (1877-1953), Le Casino Marie-Christine au Havre, ca. 1910, huile sur toile, 65,5 x 81,5 cm. MuMa musée d'art moderne André Malraux, Le Havre. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn — © ADAGP, Paris, 2015
Raoul DUFY (1877-1953), Vue à travers une fenêtre, Nice [Vue à travers une fenêtre, Le Havre], vers 1925, huile sur toile, 91 × 71 cm. Memphis, Dixon Gallery and Gardens, acquisition du Cornelia Ritchie and Ritchie Trust. © Dixon Gallery and Gardens © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Vue à travers une fenêtre, Nice [Vue à travers une fenêtre, Le Havre], vers 1925, huile sur toile, 91 × 71 cm. Memphis, Dixon Gallery and Gardens, acquisition du Cornelia Ritchie and Ritchie Trust. © Dixon Gallery and Gardens © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), La Plage à Sainte-Adresse, vers 1908-1909, huile sur toile, 54 × 64,5 cm. Liège, musée des Beaux-Arts/La Boverie. © Ville de Liège – Musée des Beaux-Arts/La Boverie © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), La Plage à Sainte-Adresse, vers 1908-1909, huile sur toile, 54 × 64,5 cm. Liège, musée des Beaux-Arts/La Boverie. © Ville de Liège – Musée des Beaux-Arts/La Boverie © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Paysage de Sainte-Adresse, vers 1930, huile sur toile, 22 × 33 cm. Collection particulière. © Coll. part/droits réservés © ADAGP, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Paysage de Sainte-Adresse, vers 1930, huile sur toile, 22 × 33 cm. Collection particulière. © Coll. part/droits réservés © ADAGP, Paris 2019

Institution Saint-Joseph

Raoul Dufy suit les cours de l’externat Saint-Joseph jusqu’en 1891, date à laquelle il entre, à quatorze ans, comme commis chez Luthy et Hauser. La chapelle néo-gothique en brique de l’institution, ouverte au culte en 1877, conserve son clocher de bois jusqu’aux destructions de la guerre en septembre 1944.

École municipale des beaux-arts

Dufy suit les cours de l’École municipale des beaux-arts, sous la houlette de Charles Lhullier, à compter de novembre 1892. Il s’y lie rapidement d’amitié avec Othon Friesz. Les locaux, situés 44 rue Jules Lecesne, sont à quelques pas de l’entreprise Luthy et Hauser, où Dufy travaille.

Quai Colbert

Le développement de la propulsion à vapeur entraîne l’importation d’énormes quantités de charbon. Des centaines de charbonniers, œuvrant à son conditionnement, composent la foule laborieuse du quai Colbert, ou quai au charbon. Préparant, en 1900-1901, sa grande toile Fin de journée au Havre, Dufy croque sur le vif la misère de ces charbonniers.
La mécanisation progressive des tâches sera à l’origine des grandes grèves des dockers et de l’affaire Jules Durand en 1910.

Harfleur

Harfleur est une petite commune limitrophe du Havre. Traversée par la Lézarde, elle est construite autour de la rivière, lui donnant un petit air de bourgade rurale. Au début du 20e siècle, elle compte environ 3000 habitants. Son marché dominical au pied de la monumentale église Saint-Martin de la fin du XVe siècle, attire les havrais dont Dufy qui représente une Sortie de l’église et Marché à Honfleur et d’autres vues de la Lézarde.

Bassin du Roy

Le bassin du Roy avec le bassin de la Barre et du Commerce constituent les bassins historiques du Havre. Le bassin du Roy ou du Roi a été délimité dès la fondation de la ville du Havre en 1517, les quais n'ont été maçonnés qu'en 1635 sur l'ordre du cardinal de Richelieu, qui fit appel à des ingénieurs hollandais pour en construire les portes écluses ; il a été transformé en arsenal par Colbert et le resta jusqu' en 1823, isolé du reste de la ville par des murs. En 1836 les cales et avant cales du bassin du roi sont cédés aux ponts et chaussées qui décide de reconstruire les quais, de démolir les avant cales, mais de conserver les cales ; le bassin a été endommagé pendant la seconde guerre mondiale et restauré.

« Aussi, il faut applaudir à la sage décision du ministre de la Reconstruction de conserver les bassins du Commerce et du Roy et tout faire pour que cette décision soit appliquée. Oui, il faut garder au centre de la ville ce ravissant paysage marin avec son grand ciel qui illumine toute cette partie du Havre que forment le bassin du Commerce et le bassin du Roy. » Raoul Dufy à Bernard Esdras-Gosse, 21 février 1945

Quai Notre-Dame

Le quai Notre-Dame borde l’anse du même nom qui constitue un des bassins historiques du Havre. En 1756 est construit à l’angle du quai Notre-Dame, le bâtiment de la Douane, familièrement appelé « La Romaine » d’après les plans d’Antoine Matthieu le Carpentier, architecte royal à Rouen. Dans une œuvre de 1905-1906, Dufy compose une toile dominée par les verticales des hauts lampadaires du port. Le quai et ses bâtiments sont détruits lors des bombardements de la dernière guerre.

Grand Quai

La grande animation du quai historique du Havre, devenu quai de Southampton en 1913, inspire également les deux artistes. Situé à proximité de l’entrée du port, le quai accueille, au début du XXe siècle, les bateaux passagers effectuant la traversée de l’estuaire vers Trouville, Deauville ou Honfleur ainsi que d’autres navires plus importants à destination de Southampton. C’est aussi, pour les pêcheurs havrais, le lieu de déchargement et de la vente du poisson à quai sur les étals, comme l’illustrent certaines œuvres de Dufy.

Par ailleurs, du Grand Quai, l’avant-port lui-même constitue un point de vue avec le quai Auguste-Broström et l’écluse des Transatlantiques en arrière-plan, comme pour Claude Monet dans Impression, soleil levant. Dans les deux œuvres, grâce à l’embarcadère du bateau passager d’Honfleur, facilement identifiable au premier plan, on peut estimer que l’emplacement choisi par Raoul Dufy sur le quai se situe entre les rues de Paris et Saint-Julien.
Texte : Pierre Beaumont

​Cathédrale Notre-Dame

Peu après la fondation du Havre, en 1522, une première chapelle de bois et de chaume (entourée d’un cimetière) est édifiée le long de l’axe principal de la ville, la rue Saint-Michel, future rue de Paris. Consolidée et flanquée d’une tour-clocher au XVIe siècle, victime des guerres de religion puis de la Révolution, l’église est restaurée au XIXe siècle. Particulièrement touchée par les bombardements de septembre 1944, sa restauration dure jusqu’en 1974, date où l’église paroissiale devient cathédrale du diocèse.

Café du Nord, rue des Drapiers

La rue des Drapiers, alors une des plus vieilles de la ville, située au cœur du quartier Notre-Dame, court depuis l’église Notre-Dame jusqu’au pont du même nom. Grâce à la photographie de George Besson, nous savons que c’est dans cette rue, depuis la terrasse du café du Nord, que Raoul Dufy et Albert Marquet s’installent en juillet 1906 pour peindre Le 14 Juillet au Havre. Situé au numéro 32 de la rue, le café du Nord est localisé précisément sur les plans cadastraux.

Sur la carte postale [Anonyme, Pont et quai Notre-Dame, vers 1900-1910], l’immeuble du café, en retrait, se situe immédiatement après la maison d’angle à gauche.
Sur la photographie [Anonyme, Quartier Notre-Dame. Rue des Drapiers vue en direction du pont Notre-Dame, 1932], orientée en direction du pont Notre-Dame et du quartier Saint-François, il s’agit de l’avant-dernière maison à droite au fond de la rue.

Texte : Pierre Beaumont

Hôtel du Ruban-Bleu, place de l’Arsenal

En juillet 1906, alors que la ville et les navires sont pavoisés dans le cadre de la Grande Semaine maritime, Raoul Dufy et Albert Marquet explorent différents lieux situés autour des bassins et dans les rues du vieux Havre.
Les transformations subies par la ville au XXe siècle nécessitent un patient travail d’enquête pour les localiser précisément. L’hôtel du Ruban-Bleu, situé 19, place de l’Arsenal, apporte aux artistes deux points de vue sur les bassins emblématiques du Havre : le bassin du Roy, avec ses bateaux pilotes et ses bateaux de pêche, et le bassin du Commerce, où sont amarrés les yachts.

La carte postale [Anonyme, Le Havre. Vue d’ensemble des bassins du Roy et du Commerce et place Gambetta, vers 1900-1910], permet de repérer au premier plan les bateaux pilotes sur le bassin du Roy et au second plan la place de l’Arsenal. À l’extrême gauche, on distingue, légèrement en avant, le bâtiment de l’Arsenal. L’hôtel du Ruban-Bleu se situe au centre des immeubles entre l’Arsenal à gauche et le bassin du Commerce à droite.
La carte postale [Anonyme, Le Havre. Bassin du Commerce, vers 1900-1910], présente pratiquement le point de vue offert depuis l’hôtel du Ruban-Bleu vers le bassin du Commerce.
 
Texte : Pierre Beaumont

​Bassin du commerce

Creusé à la fin du XVIIIe siècle dans le cadre du plan Lamandé, le bassin du Commerce connaît, pendant tout le XIXe siècle, une intense activité.
Victime de l’accroissement ininterrompu de la taille des bateaux, son trafic décroît peu à peu, même s’il accueille encore au début du XXe siècle, de somptueux yachts privés. Dufy s’empare de ce motif dans de nombreuses œuvres réalisées entre 1904 et 1910.

​Digue Nord

L’entrée du port connaît d’importantes modifications afin de permettre un élargissement des accès, rendu nécessaire par l’accroissement de la taille des navires. La nouvelle digue Nord est achevée en 1905. Elle devient un lieu de promenade pour les Havrais et de rassemblement pour les nombreux pêcheurs à la ligne. Dufy se saisit de ce motif dans plusieurs toiles datées de 1906-1907.

​Église Saint-Vincent-de-Paul

Construite entre 1849 en style néoroman, l’église Saint-Vincent-de-Paul se trouve dans le quartier Saint-Vincent près de la plage. C’est le lieu de baptême de Raoul Dufy qui deviendra un motif récurrent dans ses toiles dès 1908 jusqu’aux Baigneuses des années 1930 à 50.

​Villa Maritime

En 1890, madame de Aldecoa, veuve d’un Espagnol ayant fait fortune à Cuba, fait construire la somptueuse Villa Maritime par l’architecte Henri Toutain.
La villa est vendue en 1896 à Georges Dufayel, promoteur du Nice havrais, avant de devenir, en 1939, la propriété du dramaturge havrais Armand Salacrou, pour qui Dufy signe le décor de la pièce de théâtre Les Fiancés du Havre en 1944.

La Villa Maritime se trouve associée à la vie culturelle havraise dans les premières décennies du XXe siècle, notamment dans l’entre-deux-guerres, et à la figure d’Armand Salacrou, dramaturge, qui fréquenta toute une génération d’artistes et d’écrivains tels que Raymond Queneau, Michel Leiris, Max Jacob, Juan Gris, Jean Dubuffet, etc.).

​L’Estacade du casino Marie-Christine

Une passerelle en planches de 36 m est construite en 1889 pour faciliter l’accès de la clientèle du casino-établissement de bains Marie-Christine, à la mer. Cette plateforme devient le promontoire idéal pour observer les régates ou les bateaux en rade, et devient, à l’occasion, plongeoir pour les baigneurs.

Le Casino Marie-Christine

Le casino doit son nom à Marie-Christine, veuve du roi Ferdinand VII d’Espagne. Exilée en France, la reine passait ses étés au Havre où elle avait fait construire, en 1859, la villa « Mon Désir ». Elle y décède en 1878.
En 1882, le nouveau propriétaire de la villa fait construire un premier casino au bas du parc. Le casino est reconstruit en 1910 par Gustave Rives, l’architecte parisien au service de Dufayel, concepteur du Nice Havrais.

​Le Boulevard Albert Ier

Le Boulevard maritime, devenu boulevard Albert-Ier en 1914, constitue le front de mer du Havre. Lieu de villégiature, de promenade et de loisirs depuis la fin du XIXe siècle, il accueille des établissements prestigieux tels que le casino Marie-Christine. La promenade, la plage avec la pêche à pied et les bains de mer, incontournables de la vie havraise, sont alors captés par les peintres ou les photographes.

Il s’agit d’un lieu privilégié par Raoul Dufy dans les années 1920 lors de ses passages au Havre. Grâce à certains détails de ses œuvres, au moins deux ateliers situés face au front de mer sont repérables. En 1922 et 1923, l’un d’eux est situé au 150, boulevard Albert-Ier. Grâce à une lettre de Dufy et à des éléments de balustrade sur les vues peintes à travers des fenêtres, ce lieu a pu être identifié. 

Texte : Pierre Beaumont

​La Chapelle Notre-Dame-des-flots

Destinée à la protection des marins, la chapelle Notre-Dame-des-flots est construite par l’architecte Théodore Huchon. Dominant depuis 1859 la baie du Havre et de Sainte-Adresse, elle constitue l’un des marqueurs du paysage régulièrement convoqués par Dufy dans son œuvre. Le peintre emportait d’ailleurs dans ses bagages une Vierge, peinte en 1948, portant l’inscription « Notre-Dame-des-flots ».