« Raoul Dufy, fils du Havre »
Raoul Dufy, fils du Havre, tel est le titre de la première exposition posthume organisée au Havre dans les nouveaux locaux que la galerie Jacques Hamon inaugure, après les terribles destructions de la guerre, au 44, place de l’Hôtel-de-Ville, en 1954 1.
Oui, Dufy est véritablement un fils du Havre, ville avec laquelle il a conservé un lien indéfectible. Non seulement son oeuvre porte l’irrémédiable empreinte de sa ville natale, mais lui-même se revendique encore havrais à l’automne de sa vie, alors qu’il a quitté Le Havre depuis des années. Dufy écrit ainsi, dans un courrier adressé le 21 février 1945 au journaliste havrais Bernard Esdras-Gosse, « il [votre cri d’alarme] résonne profondément en moi dans mon coeur d’artiste et de Havrais 2 ».
Oui, Dufy est véritablement un fils du Havre, ville avec laquelle il a conservé un lien indéfectible. Non seulement son oeuvre porte l’irrémédiable empreinte de sa ville natale, mais lui-même se revendique encore havrais à l’automne de sa vie, alors qu’il a quitté Le Havre depuis des années. Dufy écrit ainsi, dans un courrier adressé le 21 février 1945 au journaliste havrais Bernard Esdras-Gosse, « il [votre cri d’alarme] résonne profondément en moi dans mon coeur d’artiste et de Havrais 2 ».
Si l’artiste se revendique comme tel, la ville peine toutefois à lui marquer sa reconnaissance. La municipalité a certes encouragé le jeune peintre en lui octroyant une bourse destinée à financer ses études à l’École nationale des beaux-arts, mais, hormis quatre aquarelles de jeunesse, une seule de ses oeuvres entre dans les collections municipales du vivant de l’artiste 3. De même, malgré la reconnaissance internationale dont il est l’objet, ce n’est que de façon posthume que son oeuvre est célébré sur les cimaises du musée. La première exposition qui lui est consacrée a ainsi lieu à l’occasion de l’entrée dans les collections municipales de soixante-dix oeuvres léguées à la ville par sa veuve, Émilienne Dufy, en 1963.
La reconnaissance peine également à venir des collectionneurs locaux. Le Cercle de l’art moderne, qui naît, en 1906, de l’initiative de collectionneurs havrais, parmi lesquels Olivier Senn (1864-1959), Georges Dussueil (1848-1926) et Pieter Van der Velde (1848-1922), organise de 1906 à 1910 des expositions, des conférences, des soirées poésie et des concerts. Dufy fait partie du comité de peintures dudit Cercle, aux côtés de Friesz et de Braque. Pour autant, il est singulièrement absent des collections de ces grands amateurs d’art moderne. Ni Olivier Senn ni Charles-Auguste Marande ne se sont intéressés à lui. De même, si Georges Dussueil, qui visite en octobre 1905 – peu après l’ouverture du IIIe Salon d’automne – en compagnie de Friesz la galerie Berthe Weill, achète à cette occasion plusieurs toiles fauves, il n’en retient aucune de Dufy. Il se rattrapera toutefois plus tard en achetant une peinture et un dessin, et, lorsqu’il sera amené à se séparer de sa collection, une aquarelle de 1903 apparaîtra dans le catalogue de sa vente. Pieter Van der Velde, lui, en possédera une, tout comme Léon Pédron 4 – ce qui est moins surprenant quand on sait qu’il constitua sa collection sur les conseils d’Othon Friesz, l’ami de Dufy.
C’est donc principalement par le truchement des expositions privées que le public havrais a pu se familiariser avec l’oeuvre de Raoul Dufy. Là encore, l’accueil est assez frileux. À l’occasion de la mort du maître en 1953, Bernard Esdras-Gosse se rappelle ainsi que les Havrais n’ont pas toujours compris l’art de leur concitoyen 5. De son côté, Armand Salacrou témoigne amèrement : « Raoul Dufy, inconnu puis méprisé dans notre ville de province 6. » Le peintre lui-même rapporte, par l’anecdote suivante, les difficultés qu’il a rencontrées avec le public havrais : « À la fin du siècle précédent, au Havre, un encadreur avait organisé chez lui une exposition de peintres régionaux… Timidement, je m’en vins lui proposer cette toile. Lorsqu’il la vit, la consternation se vit sur son maigre visage. Une femme nue sur une plage, et un agent de police ! Quelle idée saugrenue ! “Cette oeuvre n’est pas pour moi. Trop scabreux, mon petit, trop scabreux…” “Scabreux ! m’écriai-je, mais cette femme est très convenable. La preuve ? Vous voyez bien que l’agent ne dit rien !” 7 »
De fait, les recensions faites dans la presse locale laissent trace sinon de mépris, du moins d’une forte incompréhension. Cette presse suit en effet le jeune artiste et se fait régulièrement l’écho de ses expositions dans les galeries (Beuzebosc, Lebas ou Maury) qui contribuent à l’animation culturelle de la ville ou dans les salons officiels, tant au Havre (Société des amis des arts) qu’à Paris (Salon d’automne ou Salon des artistes français). Les visions des journalistes s’opposent, donnant parfois lieu à des polémiques par tribunes interposées, entre les tenants d’une ligne classique du Petit Havre, « organe républicain démocratique », et ceux de La Cloche illustrée, « hebdomadaire satirique, artistique et littéraire », plus compréhensifs face aux innovations artistiques du jeune peintre. L’art décoratif de Dufy, et notamment les tissus, écharpes et tentures exécutés d’après ses dessins, recueille un accueil plus unanime 8.
La reconnaissance peine également à venir des collectionneurs locaux. Le Cercle de l’art moderne, qui naît, en 1906, de l’initiative de collectionneurs havrais, parmi lesquels Olivier Senn (1864-1959), Georges Dussueil (1848-1926) et Pieter Van der Velde (1848-1922), organise de 1906 à 1910 des expositions, des conférences, des soirées poésie et des concerts. Dufy fait partie du comité de peintures dudit Cercle, aux côtés de Friesz et de Braque. Pour autant, il est singulièrement absent des collections de ces grands amateurs d’art moderne. Ni Olivier Senn ni Charles-Auguste Marande ne se sont intéressés à lui. De même, si Georges Dussueil, qui visite en octobre 1905 – peu après l’ouverture du IIIe Salon d’automne – en compagnie de Friesz la galerie Berthe Weill, achète à cette occasion plusieurs toiles fauves, il n’en retient aucune de Dufy. Il se rattrapera toutefois plus tard en achetant une peinture et un dessin, et, lorsqu’il sera amené à se séparer de sa collection, une aquarelle de 1903 apparaîtra dans le catalogue de sa vente. Pieter Van der Velde, lui, en possédera une, tout comme Léon Pédron 4 – ce qui est moins surprenant quand on sait qu’il constitua sa collection sur les conseils d’Othon Friesz, l’ami de Dufy.
C’est donc principalement par le truchement des expositions privées que le public havrais a pu se familiariser avec l’oeuvre de Raoul Dufy. Là encore, l’accueil est assez frileux. À l’occasion de la mort du maître en 1953, Bernard Esdras-Gosse se rappelle ainsi que les Havrais n’ont pas toujours compris l’art de leur concitoyen 5. De son côté, Armand Salacrou témoigne amèrement : « Raoul Dufy, inconnu puis méprisé dans notre ville de province 6. » Le peintre lui-même rapporte, par l’anecdote suivante, les difficultés qu’il a rencontrées avec le public havrais : « À la fin du siècle précédent, au Havre, un encadreur avait organisé chez lui une exposition de peintres régionaux… Timidement, je m’en vins lui proposer cette toile. Lorsqu’il la vit, la consternation se vit sur son maigre visage. Une femme nue sur une plage, et un agent de police ! Quelle idée saugrenue ! “Cette oeuvre n’est pas pour moi. Trop scabreux, mon petit, trop scabreux…” “Scabreux ! m’écriai-je, mais cette femme est très convenable. La preuve ? Vous voyez bien que l’agent ne dit rien !” 7 »
De fait, les recensions faites dans la presse locale laissent trace sinon de mépris, du moins d’une forte incompréhension. Cette presse suit en effet le jeune artiste et se fait régulièrement l’écho de ses expositions dans les galeries (Beuzebosc, Lebas ou Maury) qui contribuent à l’animation culturelle de la ville ou dans les salons officiels, tant au Havre (Société des amis des arts) qu’à Paris (Salon d’automne ou Salon des artistes français). Les visions des journalistes s’opposent, donnant parfois lieu à des polémiques par tribunes interposées, entre les tenants d’une ligne classique du Petit Havre, « organe républicain démocratique », et ceux de La Cloche illustrée, « hebdomadaire satirique, artistique et littéraire », plus compréhensifs face aux innovations artistiques du jeune peintre. L’art décoratif de Dufy, et notamment les tissus, écharpes et tentures exécutés d’après ses dessins, recueille un accueil plus unanime 8.
Des mérites reconnus
Si les journalistes ne partagent pas toujours l’enthousiasme du jeune peintre, ils reconnaissent du moins ses mérites et son travail : « M. Dufy, entre autres, travaille depuis je ne sais combien de temps. Je ne l’ai connu qu’album et crayon en poche. […] On n’amoncelle pas impunément études et croquis. On ne le fait pas surtout avec tant de persévérance et de ténacité, et c’est bien là un acharnement d’artiste vraiment épris et sincère qui travaille et qui, pourtant, n’est jamais satisfait de son oeuvre 9. » Quelques années plus tard : « Par l’ensemble de cette exposition, Raoul Dufy se montre en bonne voie. Et comme il est un chercheur consciencieux qui sait où il va, nous sommes sûrs qu’il ne faillira pas 10. »
Cette reconnaissance du travail effectué se poursuit tout au long de la carrière de Dufy. Ainsi, Marc Benard, journaliste au Petit Havre, écrit en 1943 : « Ses méthodes de travail attestent une recherche continuelle. Il creuse le détail. […] Et dans un souci constant de d’expression et de synthèse, il épure son trait, en évitant l’écueil de la stylisation exsangue. Rien de cet enchantement et de cette fantaisie n’est laissé au simple hasard 11. » Le journaliste parle de la peinture de Dufy comme d’une peinture savante qui nécessite un travail d’éducation et ose même le terme de « génie créateur » pour parler de l’artiste. Les journalistes rendent également volontiers hommage à ses qualités de dessinateur et le sollicitent à l’occasion. Ainsi, Dufy signe, dans Le Havre-Éclair du 19 septembre 1904, un grand dessin illustrant une cavalcade organisée par le commerce havrais dans les rues de la ville au profit des familles victimes du chômage. Cette cavalcade reconstitue l’entrée du roi Louis XV au Havre le 19 septembre 1749 12.
Assez curieusement, alors que la renommée nationale de Dufy s’affirme au cours des années 1920, lui valant l’octroi de la Légion d’honneur en 1926, la presse locale ne se fait guère l’écho de sa participation au monumental chantier de La Fée Électricité. Un seul article revendique cette oeuvre comme étant celle d’un Havrais. De même, en 1952, Dufy représente la France à la 26e Biennale de Venise (14 juin-19 octobre) avec quarante et une de ses oeuvres. Le Grand Prix de peinture consacre sa reconnaissance internationale. Étrangement, la presse locale passe sous silence ce nouveau titre de gloire de l’enfant du pays. Pourtant, Pierre Courant, alors maire du Havre, envoie le 19 juin un courrier de félicitations à l’heureux récipiendaire. Dans sa réponse, Dufy rappelle à cette occasion qu’il a été boursier de la ville pour accomplir ses études à l’École nationale des beaux-arts et conclut : « Aussi suis-je heureux, vers la fin de ma carrière, d’offrir ici à mes compatriotes le témoignage de ma reconnaissance 13. »
Cette reconnaissance du travail effectué se poursuit tout au long de la carrière de Dufy. Ainsi, Marc Benard, journaliste au Petit Havre, écrit en 1943 : « Ses méthodes de travail attestent une recherche continuelle. Il creuse le détail. […] Et dans un souci constant de d’expression et de synthèse, il épure son trait, en évitant l’écueil de la stylisation exsangue. Rien de cet enchantement et de cette fantaisie n’est laissé au simple hasard 11. » Le journaliste parle de la peinture de Dufy comme d’une peinture savante qui nécessite un travail d’éducation et ose même le terme de « génie créateur » pour parler de l’artiste. Les journalistes rendent également volontiers hommage à ses qualités de dessinateur et le sollicitent à l’occasion. Ainsi, Dufy signe, dans Le Havre-Éclair du 19 septembre 1904, un grand dessin illustrant une cavalcade organisée par le commerce havrais dans les rues de la ville au profit des familles victimes du chômage. Cette cavalcade reconstitue l’entrée du roi Louis XV au Havre le 19 septembre 1749 12.
Assez curieusement, alors que la renommée nationale de Dufy s’affirme au cours des années 1920, lui valant l’octroi de la Légion d’honneur en 1926, la presse locale ne se fait guère l’écho de sa participation au monumental chantier de La Fée Électricité. Un seul article revendique cette oeuvre comme étant celle d’un Havrais. De même, en 1952, Dufy représente la France à la 26e Biennale de Venise (14 juin-19 octobre) avec quarante et une de ses oeuvres. Le Grand Prix de peinture consacre sa reconnaissance internationale. Étrangement, la presse locale passe sous silence ce nouveau titre de gloire de l’enfant du pays. Pourtant, Pierre Courant, alors maire du Havre, envoie le 19 juin un courrier de félicitations à l’heureux récipiendaire. Dans sa réponse, Dufy rappelle à cette occasion qu’il a été boursier de la ville pour accomplir ses études à l’École nationale des beaux-arts et conclut : « Aussi suis-je heureux, vers la fin de ma carrière, d’offrir ici à mes compatriotes le témoignage de ma reconnaissance 13. »
Changement de regard
À la fin de sa vie, Dufy est traité avec tendresse par la presse locale, qui se presse à ses côtés à l’occasion des derniers passages dans sa ville natale. En avril 1950, il assiste ainsi à l’hommage rendu par la ville à son ami de toujours : une plaque commémorative est apposée sur la maison natale de Friesz, rue Lord-Kitchener. Dufy est fêté comme l’enfant du pays et est interviewé par la presse, comme quelques mois plus tard, à son retour des États-Unis, en juillet 1951.
En 1953, la mort de l’artiste est abondamment relayée et commentée. La ville pleure celui qui portait haut ses couleurs. Plusieurs pages lui sont consacrées dans la presse locale. « De ses premières à ses dernières oeuvres, ce qu’elles proclament, ce qu’elles chantent, c’est la joie des lignes, des couleurs, la joie de participer à cette fête, la vie, en la fixant, l’éternisant, la magnifiant 14. » Le chroniqueur artistique Noël Lecrecq écrit dans Le Havre libre du 24 mars 1953 : « Un printemps si soleilleux, si chantant – tellement Dufy –, servira de linceul pour nos mémoires à la présence de Raoul Dufy. Cette mort qui nous atterre ne vous accable pas. Dufy a rejoint son grand ami Othon Friesz au coeur d’une gloire qui ne cessera de grandir. » En soulignant la qualité de Havrais de Dufy, les journalistes locaux semblent appeler sa gloire désormais consacrée à rejaillir sur sa ville natale, qui peine à se relever des destructions de la guerre. Ainsi, quand la galerie Jacques Hamon propose une exposition Dufy, quelques mois après la mort de l’artiste, Le Havre libre du 10 décembre 1954 relate dans son « Carnet des arts » que « le premier hommage de cette galerie naissante va au cher Raoul Dufy, l’un des plus grands artistes français de tous les temps – un Havrais » !
Cette reconnaissance tardive de la ville se confirme quand, quelques mois après la mort de l’artiste, la municipalité havraise fait le choix de rebaptiser l’ancienne rue Jeanne-Hachette en rue Raoul-Dufy, honorant ainsi l’enfant du pays 15. Cette délibération honore de la même façon Othon Friesz, l’ami d’une vie, décédé quatre ans auparavant, en attribuant son nom à l’ancienne rue Saint- Roch. Dix ans plus tard, le conseil d’administration du lycée d’État de jeunes filles (aujourd’hui collège) émet le voeu, au cours de sa séance du 29 mars 1963, d’être dénommé « Raoul Dufy 16 ». La consécration locale du peintre trouve son apogée à l’occasion de l’entrée des oeuvres léguées par sa veuve au musée municipal. Le 1er juillet 1963, le journal local titre pompeusement : « Dufy, entrant chez lui samedi, pour vivre la part immortelle de sa gloire ». La presse salue volontiers le choix des toiles effectué par le conservateur du musée. Ce n’est pas tant leur caractère local que la volonté de retenir des oeuvres jalonnant les différentes étapes de la carrière artistique de Dufy qui a présidé à la sélection de Reynold Arnould. Le musée du Havre est enfin en mesure de présenter dignement l'oeuvre du maître havrais dans ses différentes composantes.
En 1953, la mort de l’artiste est abondamment relayée et commentée. La ville pleure celui qui portait haut ses couleurs. Plusieurs pages lui sont consacrées dans la presse locale. « De ses premières à ses dernières oeuvres, ce qu’elles proclament, ce qu’elles chantent, c’est la joie des lignes, des couleurs, la joie de participer à cette fête, la vie, en la fixant, l’éternisant, la magnifiant 14. » Le chroniqueur artistique Noël Lecrecq écrit dans Le Havre libre du 24 mars 1953 : « Un printemps si soleilleux, si chantant – tellement Dufy –, servira de linceul pour nos mémoires à la présence de Raoul Dufy. Cette mort qui nous atterre ne vous accable pas. Dufy a rejoint son grand ami Othon Friesz au coeur d’une gloire qui ne cessera de grandir. » En soulignant la qualité de Havrais de Dufy, les journalistes locaux semblent appeler sa gloire désormais consacrée à rejaillir sur sa ville natale, qui peine à se relever des destructions de la guerre. Ainsi, quand la galerie Jacques Hamon propose une exposition Dufy, quelques mois après la mort de l’artiste, Le Havre libre du 10 décembre 1954 relate dans son « Carnet des arts » que « le premier hommage de cette galerie naissante va au cher Raoul Dufy, l’un des plus grands artistes français de tous les temps – un Havrais » !
Cette reconnaissance tardive de la ville se confirme quand, quelques mois après la mort de l’artiste, la municipalité havraise fait le choix de rebaptiser l’ancienne rue Jeanne-Hachette en rue Raoul-Dufy, honorant ainsi l’enfant du pays 15. Cette délibération honore de la même façon Othon Friesz, l’ami d’une vie, décédé quatre ans auparavant, en attribuant son nom à l’ancienne rue Saint- Roch. Dix ans plus tard, le conseil d’administration du lycée d’État de jeunes filles (aujourd’hui collège) émet le voeu, au cours de sa séance du 29 mars 1963, d’être dénommé « Raoul Dufy 16 ». La consécration locale du peintre trouve son apogée à l’occasion de l’entrée des oeuvres léguées par sa veuve au musée municipal. Le 1er juillet 1963, le journal local titre pompeusement : « Dufy, entrant chez lui samedi, pour vivre la part immortelle de sa gloire ». La presse salue volontiers le choix des toiles effectué par le conservateur du musée. Ce n’est pas tant leur caractère local que la volonté de retenir des oeuvres jalonnant les différentes étapes de la carrière artistique de Dufy qui a présidé à la sélection de Reynold Arnould. Le musée du Havre est enfin en mesure de présenter dignement l'oeuvre du maître havrais dans ses différentes composantes.
Par Michaël Debris, MuMa Le Havre
Notes
Notes
1 Exposition du 15 décembre 1954 au 7 janvier 1955.
2 Bernard Esdras-Gosse, « Témoignages »,vol. 13, p. 61.
3 Fleurs dans un vase, AD44.2, acquisition de 1936 ; voir dans cet ouvrage Clémence Poivet-Ducroix, « Le legs de 1963 ou “le retour du coeur de Raoul Dufy au Havre” », p. 27.
4 Catalogue de vente de tableaux anciens et modernes, aquarelles, pastels, dessins, Paris, hôtel Drouot, 2-3 juin 1926.
5 « Ce n’est pas qu’il eût à se louer d’une façon particulière de la compréhension de ses concitoyens, mais, pour lui, Le Havre était sa ville, vraiment sa ville » : Bernard Esdras-Gosse, « Havrais, Raoul Dufy était toujours demeuré très attaché à sa ville », Paris-Normandie, 24 mars 1953.
6 Armand Salacrou, « Pour saluer Dufy », Arts, 27 mars 1953.
7 Marcelle Oury, Lettres à mon peintre, Raoul Dufy, Paris, Perrin, 1965, p. 73-74.
8 Exposition dans le hall de La Cloche en 1923.
9 George Rimat, « Polémique impressionniste : Raoul Dufy », La Cloche illustrée, 2 novembre 1901, p. 3.
10 Louis-Jules Hilly, « Chez Beuzebosc, exposition d’oeuvres de Raoul Dufy », La Cloche illustrée, 10 septembre 1904, p. 2.
11 Marc Benard, « Ils étaient trois peintres partis du Havre, Raoul Dufy, Roi mage », Le Petit Havre, 21 juillet 1943.
12 Pour le programme de cette manifestation [fig. 118], Dufy s'inspire directement d'une gravure, Le Roy sur la hauteur d'Ingenville d'où Sa Majesté observe le beau point de vüe de la ville du Havre-de-Grâce le 20 septembre 1749, dessinée par Descamps et gravée par J. Ph. Le Bas, 1751, parue dans Relation de l'arrivée du roi au Havre-de-Grâce le 19 septembre 1749 et des fêtes qui se sont déroulées à cette occasion, Paris, imprimerie Guérin et Delatour, 1753
13 Documentation du MuMa, copie du courrier de Raoul Dufy au maire du Havre, 5 août 1952.
14 Gabriel Reuillard, « Fête des yeux et de l’esprit », Paris-Normandie, 24 mars 1953.
15 Hervé Chabannes (dir.), Dictionnaire historique des rues du Havre, Rouen, Éditions des Falaises, 2011 ; délibération no 30 du 19 octobre 1953.
16 Le Havre, archives municipales, procèsverbal du conseil municipal du 8 avril 1963.
2 Bernard Esdras-Gosse, « Témoignages »,vol. 13, p. 61.
3 Fleurs dans un vase, AD44.2, acquisition de 1936 ; voir dans cet ouvrage Clémence Poivet-Ducroix, « Le legs de 1963 ou “le retour du coeur de Raoul Dufy au Havre” », p. 27.
4 Catalogue de vente de tableaux anciens et modernes, aquarelles, pastels, dessins, Paris, hôtel Drouot, 2-3 juin 1926.
5 « Ce n’est pas qu’il eût à se louer d’une façon particulière de la compréhension de ses concitoyens, mais, pour lui, Le Havre était sa ville, vraiment sa ville » : Bernard Esdras-Gosse, « Havrais, Raoul Dufy était toujours demeuré très attaché à sa ville », Paris-Normandie, 24 mars 1953.
6 Armand Salacrou, « Pour saluer Dufy », Arts, 27 mars 1953.
7 Marcelle Oury, Lettres à mon peintre, Raoul Dufy, Paris, Perrin, 1965, p. 73-74.
8 Exposition dans le hall de La Cloche en 1923.
9 George Rimat, « Polémique impressionniste : Raoul Dufy », La Cloche illustrée, 2 novembre 1901, p. 3.
10 Louis-Jules Hilly, « Chez Beuzebosc, exposition d’oeuvres de Raoul Dufy », La Cloche illustrée, 10 septembre 1904, p. 2.
11 Marc Benard, « Ils étaient trois peintres partis du Havre, Raoul Dufy, Roi mage », Le Petit Havre, 21 juillet 1943.
12 Pour le programme de cette manifestation [fig. 118], Dufy s'inspire directement d'une gravure, Le Roy sur la hauteur d'Ingenville d'où Sa Majesté observe le beau point de vüe de la ville du Havre-de-Grâce le 20 septembre 1749, dessinée par Descamps et gravée par J. Ph. Le Bas, 1751, parue dans Relation de l'arrivée du roi au Havre-de-Grâce le 19 septembre 1749 et des fêtes qui se sont déroulées à cette occasion, Paris, imprimerie Guérin et Delatour, 1753
13 Documentation du MuMa, copie du courrier de Raoul Dufy au maire du Havre, 5 août 1952.
14 Gabriel Reuillard, « Fête des yeux et de l’esprit », Paris-Normandie, 24 mars 1953.
15 Hervé Chabannes (dir.), Dictionnaire historique des rues du Havre, Rouen, Éditions des Falaises, 2011 ; délibération no 30 du 19 octobre 1953.
16 Le Havre, archives municipales, procèsverbal du conseil municipal du 8 avril 1963.
Publications
Raoul Dufy au Havre
Catalogue d’exposition
MuMa musée d’art moderne André Malraux, Le Havre, 18 mai - 03 novembre 2019
Auteurs : sous la direction de Sophie Krebs et Annette Haudiquet et par ordre du catalogue, textes d'Annette Haudiquet, Sophie Krebs, Clémence Poivet-Ducroix, Michaël Debris, Nadia Chalbi
Édition : Mare et Martin / MuMa Le Havre, 240 pages, 29 €
ISBN : 9791092054521
Catalogue d’exposition
MuMa musée d’art moderne André Malraux, Le Havre, 18 mai - 03 novembre 2019
Auteurs : sous la direction de Sophie Krebs et Annette Haudiquet et par ordre du catalogue, textes d'Annette Haudiquet, Sophie Krebs, Clémence Poivet-Ducroix, Michaël Debris, Nadia Chalbi
Édition : Mare et Martin / MuMa Le Havre, 240 pages, 29 €
ISBN : 9791092054521