SINGIER, Manoletina & Intérieur blanc à la fenêtre
Gustave SINGIER (1909-1984)
Manoletina
1953
huile sur toile
63 x 73 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, achat de la Ville, 1953
© 2005 MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn © ADAGP, Paris 2020
Manoletina
1953
huile sur toile
63 x 73 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, achat de la Ville, 1953
© 2005 MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn © ADAGP, Paris 2020
Gustave SINGIER (1909-1984)
Intérieur blanc à la fenêtre
1955
huile sur toile
116,3 x 89,5 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, dépôt du CNAP, 1956
© 2005 MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn © ADAGP, Paris 2020
Intérieur blanc à la fenêtre
1955
huile sur toile
116,3 x 89,5 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, dépôt du CNAP, 1956
© 2005 MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn © ADAGP, Paris 2020
« L’Art substitue à la Nature une autre Nature où se concilient “l’individuel et le général”. »
– Gustave SINGIER
Né en 1909 à Warneton, en Flandre, Gustave Singier est issu d’une famille d’artisans. Il commence à peindre d’après nature à l’âge de quatorze ans et suit les cours de l’école Boulle de 1923 à 1926. Jusqu’en 1936 il travaille comme dessinateur dans une entreprise d’architecture d’intérieur et rencontre Charles Walch qui l’encourage à poursuivre ses efforts dans la voie de la peinture. Il expose régulièrement dans les galeries et salons parisiens.
En 1941, Gustave Singier participe à l’exposition Vingt jeunes peintres de tradition française présentée à la Galerie Braun[1]. Il oriente son art vers l’abstraction, tout en conservant un contact avec la réalité. Il expose en 1945 au Salon de Mai dont il est l’un des membres fondateurs. A cette même période il peint d’après nature dans un style personnel où la forme et la couleur dominent. Puis dans les années 1950 il utilise les formes géométriques qui orientent désormais ses recherches picturales. La Galerie de France représente l’artiste à partir de 1952. Proche des artistes des courants de ce que l’on appelle la Nouvelle école de Paris, il se lie d’amitié avec Édouard Pignon et dessine, en 1963, son portrait. Il s’intéresse aux arts décoratifs et travaille la tapisserie aussi bien que le vitrail. Il reçoit plusieurs commandes dans le cadre du 1% artistique notamment la réalisation d’une peinture murale pour l’École des arts décoratifs d’Aubusson en 1969.
Les deux œuvres de Gustave Singier, Manoletina et Intérieur blanc à la fenêtre sont consécutivement acquises par Reynold Arnould, nouveau conservateur, pour le musée du Havre en 1953 et 1955. Manoletina est achetée auprès de l’artiste pour être aussitôt présentée sur les cimaises de l’exposition De Corot à nos jours au musée du Havre organisée au musée national d’art moderne en décembre 1953. Cette toile peut être rapprochée des œuvres que l’artiste réalise sur le thème de la tauromachie dans les années 1950 puis en 1970[2]. Elle témoigne des préoccupations plastiques de Singier. Le titre de l’œuvre fait quant à lui référence à la bandera, aussi appelé "passe du drapeau".
Dans Intérieur blanc à la fenêtre, peint en 1955, c’est la géométrie des formes qui construit le tableau. L’œuvre, abstraite, conserve un lien avec le réel à travers son titre. Entrée dans les collections en 1955 par le biais d’un dépôt de l’État[3], la proposition d’attribution pourrait émaner de Reynold Arnould lui-même. Effectivement, le conservateur était proche des deux inspecteurs du bureau des Travaux d’art – Raymond Cogniat et Marguerite Lamy[4] – ce qui lui permet d’influer sur les choix qui sont faits par le chef du bureau en matière d’acquisitions.
Les deux peintures sont exposées dans les collections permanentes du musée lors de l’inauguration du Musée-maison de la Culture le 24 juin 1961[5].
[1] L’exposition Vingt jeunes peintres de tradition française rassemble les artistes Bazaine, Beaudin, Berçot, Bertholle, Borès, Coutaud, Desnoyer, Estève, Gischia, Lapicque, Lasne, Lautrec, Le Moal, Manessier, Marchand, Pignon, Roger, Tal Coat et Walch. Ces artistes se rattachent à la Nouvelle école de Paris, qui anime la scène artistique après-guerre.
[2] Voir catalogue de l’exposition Singier présentée au musée des beaux-arts de Caen du 25 mai au 1er juillet 1973 puis au musée des beaux-arts de Rennes du 9 juillet au 9 septembre 1973.
[3] Arrêté du bureau des Travaux d’art du 17 décembre 1955, dossier des dépôts de l’État, archives MuMa.
[4] Sur le rôle joué par le bureau des Travaux d’art dans les procédures d’acquisitions d’œuvres à des musées de province voir ROULLIER Clothilde « Des travaux d’art à la création artistique : histoire de l’administration dédiée aux artistes plasticiens vivants », in. HOTTIN Christian et ROULLIER Clothilde (dir.), Un art d’état ? Commandes publiques aux artistes plasticiens : 1945-1965, Paris, éditions Presses Universitaires de Rennes et Archives nationales, 2017, pp. 15-17.
[5] ARNOULD Reynold, Catalogue des œuvres appartenant aux collections de la Ville du Havre présentées à l’occasion de l’inauguration du Musée-Maison de la Culture 24 juin 1961, Le Havre, ancienne imprimerie Etaix.
– Gustave SINGIER
Né en 1909 à Warneton, en Flandre, Gustave Singier est issu d’une famille d’artisans. Il commence à peindre d’après nature à l’âge de quatorze ans et suit les cours de l’école Boulle de 1923 à 1926. Jusqu’en 1936 il travaille comme dessinateur dans une entreprise d’architecture d’intérieur et rencontre Charles Walch qui l’encourage à poursuivre ses efforts dans la voie de la peinture. Il expose régulièrement dans les galeries et salons parisiens.
En 1941, Gustave Singier participe à l’exposition Vingt jeunes peintres de tradition française présentée à la Galerie Braun[1]. Il oriente son art vers l’abstraction, tout en conservant un contact avec la réalité. Il expose en 1945 au Salon de Mai dont il est l’un des membres fondateurs. A cette même période il peint d’après nature dans un style personnel où la forme et la couleur dominent. Puis dans les années 1950 il utilise les formes géométriques qui orientent désormais ses recherches picturales. La Galerie de France représente l’artiste à partir de 1952. Proche des artistes des courants de ce que l’on appelle la Nouvelle école de Paris, il se lie d’amitié avec Édouard Pignon et dessine, en 1963, son portrait. Il s’intéresse aux arts décoratifs et travaille la tapisserie aussi bien que le vitrail. Il reçoit plusieurs commandes dans le cadre du 1% artistique notamment la réalisation d’une peinture murale pour l’École des arts décoratifs d’Aubusson en 1969.
Les deux œuvres de Gustave Singier, Manoletina et Intérieur blanc à la fenêtre sont consécutivement acquises par Reynold Arnould, nouveau conservateur, pour le musée du Havre en 1953 et 1955. Manoletina est achetée auprès de l’artiste pour être aussitôt présentée sur les cimaises de l’exposition De Corot à nos jours au musée du Havre organisée au musée national d’art moderne en décembre 1953. Cette toile peut être rapprochée des œuvres que l’artiste réalise sur le thème de la tauromachie dans les années 1950 puis en 1970[2]. Elle témoigne des préoccupations plastiques de Singier. Le titre de l’œuvre fait quant à lui référence à la bandera, aussi appelé "passe du drapeau".
Dans Intérieur blanc à la fenêtre, peint en 1955, c’est la géométrie des formes qui construit le tableau. L’œuvre, abstraite, conserve un lien avec le réel à travers son titre. Entrée dans les collections en 1955 par le biais d’un dépôt de l’État[3], la proposition d’attribution pourrait émaner de Reynold Arnould lui-même. Effectivement, le conservateur était proche des deux inspecteurs du bureau des Travaux d’art – Raymond Cogniat et Marguerite Lamy[4] – ce qui lui permet d’influer sur les choix qui sont faits par le chef du bureau en matière d’acquisitions.
Les deux peintures sont exposées dans les collections permanentes du musée lors de l’inauguration du Musée-maison de la Culture le 24 juin 1961[5].
[1] L’exposition Vingt jeunes peintres de tradition française rassemble les artistes Bazaine, Beaudin, Berçot, Bertholle, Borès, Coutaud, Desnoyer, Estève, Gischia, Lapicque, Lasne, Lautrec, Le Moal, Manessier, Marchand, Pignon, Roger, Tal Coat et Walch. Ces artistes se rattachent à la Nouvelle école de Paris, qui anime la scène artistique après-guerre.
[2] Voir catalogue de l’exposition Singier présentée au musée des beaux-arts de Caen du 25 mai au 1er juillet 1973 puis au musée des beaux-arts de Rennes du 9 juillet au 9 septembre 1973.
[3] Arrêté du bureau des Travaux d’art du 17 décembre 1955, dossier des dépôts de l’État, archives MuMa.
[4] Sur le rôle joué par le bureau des Travaux d’art dans les procédures d’acquisitions d’œuvres à des musées de province voir ROULLIER Clothilde « Des travaux d’art à la création artistique : histoire de l’administration dédiée aux artistes plasticiens vivants », in. HOTTIN Christian et ROULLIER Clothilde (dir.), Un art d’état ? Commandes publiques aux artistes plasticiens : 1945-1965, Paris, éditions Presses Universitaires de Rennes et Archives nationales, 2017, pp. 15-17.
[5] ARNOULD Reynold, Catalogue des œuvres appartenant aux collections de la Ville du Havre présentées à l’occasion de l’inauguration du Musée-Maison de la Culture 24 juin 1961, Le Havre, ancienne imprimerie Etaix.
Par Claire Rançon et Clémence Poivet-Ducroix, MuMa Le Havre
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