Rodin dans les collections

Trois sculptures d’Auguste Rodin, L’Âge d’Airain, le Saint Jean-Baptiste et le Buste de Dalou, sur lesquelles nous n’avions, il y a quelques temps encore, aucune information ni de provenance ni de date d’acquisition, viennent de livrer leur secret.
Auguste RODIN (1840-1917), L’Âge d’airain (Grand modèle), 1877, plâtre patiné au vernis gomme laque, 180 x 68,5 x 54,5 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Auguste RODIN (1840-1917), L’Âge d’airain (Grand modèle), 1877, plâtre patiné au vernis gomme laque, 180 x 68,5 x 54,5 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Auguste RODIN (1840-1917), Saint Jean-Baptiste (Grand modèle), 1880, plâtre patiné au vernis gomme laque, 203 x 71,7 x 119,5 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Auguste RODIN (1840-1917), Saint Jean-Baptiste (Grand modèle), 1880, plâtre patiné au vernis gomme laque, 203 x 71,7 x 119,5 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Auguste RODIN (1840-1917), Buste de Dalou, 1883, plâtre stéariné, 52 x 43 x 24 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Auguste RODIN (1840-1917), Buste de Dalou, 1883, plâtre stéariné, 52 x 43 x 24 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Épreuve d’artiste, plâtre « original », moulage comme semblait l’indiquer certains documents, nous ne pouvions déterminer le statut exact de ces œuvres. Nos livres d’inventaires restaient muets sur la date d’entrée de ces trois sculptures dans les collections du MuMa. Ce sont les archives du musée Rodin qui nous ont permis de faire le point sur l’histoire de la création de ces trois sculptures en plâtre et leur acquisition par le musée en 1929.

À cette date, Alphonse Saladin, qui fut un des nombreux praticiens de Rodin, entre 1904 et 1906, est le conservateur du musée des beaux-arts du Havre (1925-1952). Dès son entrée en fonction, le 2 février 1925, le nouveau conservateur conçoit le projet d’ouvrir une galerie des modernes. Il fait appel à la générosité des artistes et les persuade de céder une œuvre pour la somme de 250 francs. Le musée devient ainsi « un organisme vivant », qui, pendant trois années, de 1926 à 1928, s’enrichit de peintures, mais aussi de sculptures contemporaines d’Henri Bouchard, Antoine Bourdelle, Léon Drivier et Robert Wlérick, sculpteurs qui participent tous activement à l’Exposition internationale des Arts décoratifs en 1925.
 
Le 14 septembre 1928, Saladin écrit à Georges Grappe, conservateur du musée Rodin afin de lui faire part de sa volonté d’acquérir plusieurs plâtres de l’artiste. Il estime que l’œuvre de « ce grand génie mérite d’être diffusée et non cloitrée dans la capitale » et il serait fier de participer à cette reconnaissance en présentant au Havre quelques-unes de ses œuvres maîtresses. Il évoque la galerie de peintures et de sculptures modernes qu’il a créée et qui obtient un large succès auprès du public. Saladin fait un constat : les sculpteurs les plus notoires de l’époque sont représentés et notamment Bourdelle avec le plâtre de l’Héraclès de 1909, mais Rodin manque à l’appel. Les deux conservateurs se rencontrent, s’accordent et Saladin opte pour l’acquisition de trois plâtres de Rodin L’Âge d’airain, le Saint Jean-Baptiste et le Buste de Dalou pour la somme de 1800 francs. Les œuvres sont livrées au musée le 18 mai 1929.
Billet de blog du mercredi 11 février 2015

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