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Les Territoires du désir ou les métamorphoses d’un musée imaginaire 15 octobre 2011 – 29 janvier 2012
Commissaire invité : Agnès de Gouvion Saint-Cyr
Et si le musée se métamorphosait le temps d’une exposition ? Si les chefs-d’oeuvre que l’on connaît avaient envie de dialoguer avec des oeuvres d’aujourd’hui ? Car enfin, les artistes d’autrefois nous disent-ils autre choses que ceux de maintenant ? Le MuMa se réinvente cet automne et ses collections affichent un air d’exposition, mêlant photographies contemporaines et peintures anciennes… clins d’oeil, ressemblances, conversations secrètes… À chacun de rêver son musée imaginaire. Un autre MuMa ?
Dans l’esprit des expositions « Vagues » et « Nuages », qui faisaient dialoguer des œuvres emblématiques de ses collections (Courbet, Boudin) avec des œuvres contemporaines (photos et vidéos), « Les Territoires du désir ou les métamorphoses d’un musée imaginaire » propose une relecture des riches collections permanentes du Musée d’Art moderne André Malraux à l’aune de photographies contemporaines, à travers un accrochage entièrement repensé.
L’exposition s’articule en cinq sections : « Extases et martyrs », « Dans l’intimité du regard (être au monde) », « Paroxysmes », « Paysages ordinaires » et « Silencieuse nature » et réunit 68 œuvres. Elle repose sur le principe d’une association de deux œuvres en paire, une peinture du XVIIe au début du XXe à côté d’une photographie le plus souvent contemporaine, jouant ainsi sur l’idée du mimétisme de la citation, de la digression… Ainsi Jusepe Ribeira et Luca Giordano se voient-ils « confrontés » à Pierre Gonnord, Renoir à Elina Brotherus, Dufy à Véronique Ellena, Sébastien Stoskopff à Valérie Belin, Gustave Courbet à Balthasar Burkhard, Hubert Robert à Patrick Tosani, Boudin à Jean-Luc Mylayne ou Jean-Luc Tartarin….
Extrait du catalogue : Les Territoires du désir ou les métamorphoses d’un musée imaginaire
« En 1845, lorsque le musée du Havre ouvre ses portes, les artistes, les premiers, y trouvent matière à penser, à inventer. La fréquentation des anciens est recherchée et la copie des œuvres promue au rang des exercices incontournables. Avant de s’inscrire comme copiste au Louvre, Boudin découvre dans les salles du tout nouveau musée havrais ses premiers maîtres qu’à sa suite d’autres, qui ont pour nom Millet, Courbet, Monet, Jongkind …viendront contempler. Quelques années plus tard, ces mêmes peintres passant au Havre s’arrêteront dans l’avant port, non loin du musée, pour rendre visite aux premiers photographes tenant boutique sur la jetée nord (Warnod et Macaire…), tandis que Gustave Le Gray photographiera lui, en 1856-1857, la plage et la mer du côté de Sainte-Adresse, mais également… le musée sur les quais.
Depuis, le musée s’est métamorphosé, détruit et reconstruit, son fonds s’est enrichi et alors que de nombreux photographes reviennent sur les sites de ce territoire qui avait déjà inspiré les artistes plus d’un siècle auparavant (Burkhard, Elger Esser, Jem Southam…), d’autres, venus au Havre, parcourant les salles du musée s’arrêtent devant de nouvelles toiles arrivées depuis, telle Véronique Ellena devant Monet et Dufy. D’autres enfin, étrangers à cette géographie, manifestent un attachement ou plus clairement revendiquent une filiation à tel ou tel peintre, comme Pierre Gonnord à Ribeira ou Zurbaran.
L’histoire de la peinture moderne et celle de la photographie sont intimement liées au Havre, à ce territoire de bout du continent, entre terre, mer et ciel, où la lumière très particulière, légère et changeante, de l’estuaire donne tout à la fois densité et apesanteur aux choses. La lumière ici est matière. Les regards des photographes et des peintres se croisèrent là, poursuivant la même quête.
Dans ce musée situé à quelques pas de l’emplacement des premières baraques de photographes, ouvert sur le port et le lointain, pénétré de lumière, et sorte de boite à merveilles par ses riches collections, il semble juste de convoquer le souvenir de cette histoire.
En 2004 déjà, l’acquisition d’une peinture de Gustave Courbet, La Vague, donnait lieu à une double exposition, conçue comme un diptyque. En 1869, Courbet achevait à Etretat sa série de « Paysages de mer » par un ensemble de peintures toutes centrées sur le motif de la vague, ayant vraisemblablement en mémoire les premières photographies que Gustave Le Gray avait consacrées au sujet quelque dix ans plus tôt. En 1995, le photographe suisse Balthasar Burkhard revenait à Etretat photographier l’éphémère motif selon des points de vue similaires à Courbet. Ce double jeu de regards empreint de fascination, d’hommage et d’énergie à se mesurer à un sujet se dérobant continuellement donnait corps à ce projet. « Vagues 1. Autour des Paysages de mer de Courbet » investissait la seconde moitié du XIXe siècle à la recherche de la genèse de ce motif, tant peint que photographié, gravé que dessiné. « Vagues 2. Hommages et digressions » mettait en relief les formes plastiques multiples que cet élément du paysage marin, autant que phénomène physique, allait susciter, de la permanence d’une représentation naturaliste aux détournements les plus ludiques ou oniriques. En 2009, « Les nuages, là-bas… les merveilleux nuages » partant des études de ciel de Boudin conservées au musée du Havre et des premières photographies de Le Gray et Marville sur le sujet, exploraient les digressions contemporaines d’artistes comme Vik Muniz, Denis Olivier ou encore Pierre et Gilles réinventant de modernes nuées. « Territoires du désir » s’inscrit dans cette lignée.
Dans Le Musée imaginaire, André Malraux définit le musée comme la « réunion de tant de chefs d’œuvre, d’où tant de chefs d’œuvre sont absents [et qui ] convoque dans l’esprit tous les chefs d’œuvre. » Le musée serait un « possible mutilé » qui appellerait « tout le possible ». Ouvrant ainsi le précipité d’histoire qu’est une collection, résultat « d’une succession de hasards heureux », il abolit les limites entre ce qui est, qui s’est constitué strate par strate dans le temps, et ce qui pourrait être. Qu’importe le pourquoi. Il nous invite à considérer le musée en tant que tel mais aussi dans ses développements rêvés. Une oeuvre en convoque d’autres. Ainsi se présente-t-elle, unique, mais bien souvent accueillante au souvenir des autres. Au besoin, ces autres, Malraux envisage-t-il de les incarner en des reproductions qui pourraient, comme dans les pages d’un livre, redessiner un accrochage. Si l’idée peut sembler maintenant en décalage avec ce que l’on attend d’un musée, c'est-à-dire présenter des œuvres et non leur image, considérer l’exposition comme « la dépendance éclatante et éphémère du Musée Imaginaire » paraît en revanche une hypothèse stimulante.
« Les Territoires du désir » s’entend comme la manifestation d’un autre possible. Partant des collections dites «permanentes » du musée d’Art moderne André Malraux, patiemment constituées au gré des dons, legs, dépôts, achats, depuis plus d’un siècle et demi, il s’agit d’imaginer ce que pourrait être un autre musée, pas tout à fait semblable mais pourtant pas si différent. « Possible mutilé » car ses collections ne s’ouvrirent pas à l’époque à cet art moderne par excellence, il offre le temps d’une exposition le visage d’un autre possible. L’invitation à des artistes et des œuvres de rejoindre, l’espace d’un moment, celles déjà réunies a ceci de particulier de renouveler le regard qu’on leur porte. Les « intruses », surtout lorsqu’elles sont contemporaines, perturbent (un ordre, une logique, une histoire), révèlent peut-être, provoquent un jeu d’association jubilatoire, à la manière du cadavre exquis des surréalistes.
Il s’agit aussi d’amener le contemporain dans le musée, de le conduire parmi les anciens et l’inviter à prendre sa place à leurs côtés. Longtemps on a pensé que l’accrochage chronologique était le seul possible, le plus didactique aussi, de même qu’il convenait de présenter séparément les œuvres selon leur genre, leur technique. Sans dénier l’efficacité de tels usages, on s’autorisera simplement à envisager une approche différente, productive d’un autre sens, susceptible d’apaiser ce sentiment d’éloignement que certains vivent à l’encontre du contemporain, mais inversement de redonner une gravité, une profondeur, et une actualité à ce qui a pu en perdre, se distendre avec le temps, comme par exemple la question du sublime dans le paysage, le rôle social et politique du portrait de cour ou d’apparat, la foi jusqu’à l’extase du martyr….
Ainsi donc, pendant près de quatre mois, à l’occasion du 50e anniversaire du musée d’Art moderne André Malraux, le visiteur se verra-t-il proposer un parcours renouvelé des collections. Des photographies anciennes ou contemporaines, des vidéos viendront dialoguer avec des œuvres peintes, se frotter à elles, suscitant un aller et retour fécond. Suivant le cheminement habituel dans les salles, l’exposition-accrochage crée un rythme autre, une sorte de scansion. Sans être bouleversement, elle induit un regard différent sur les œuvres. Elle se pose comme un autre possible, mais seulement un parmi d’autres, car son but est bien d’ouvrir le champ et non de le fermer. Ainsi le jeu pourrait-il se poursuivre indéfiniment. Il est une invitation pour chacun à s’en saisir, le faire sien et à le prolonger. »
Catalogue : Les Territoires du désir ou les métamorphoses d’un musée imaginaire, publié par les éditions d’art Somogy. Format 28 x 25,106 pages, 68 illustrations couleurs Textes d’Agnès de Gouvion Saint-Cyr et Annette Haudiquet, directrice du musée d’Art moderne André Malraux - MuMa